Soit l’application
de
dans
définie
par :
avec :
1. Justifier l’existence de .
2. Montrer que est un
isomorphisme de
dans
.
Un exercice qui associe analyse (intégrales généralisées) et
algèbre linéaire (applications linéaires). L’existence des intégrales, et donc
de l’application ,
ne pose pas de difficulté particulière, la comparaison exponentielle-polynôme
étant un grand classique. La seconde question fait appel à une propriété
fondamentale de l’intégrale …
Pour établir l’existence de ,
il convient de montrer que pour tout polynôme P dans
,
on peut effectivement calculer les
réels
.
Une fonction polynôme étant une combinaison linéaire de
monômes, il suffit ici de montrer que l’intégrale existe pour tout entier naturel m.
Sur l’intervalle ,
la fonction
prend des valeurs positives.
Cette fonction s’annule en 0. L’étude de l’existence de
cette intégrale nous conduit donc à étudier le comportement de la fonction au voisinage de
.
Pour tout entier naturel m, on a (croissances comparées) :
On en déduit : au voisinage de
.
Comme l’intégrale est convergente, il en va de même pour
l’intégrale
.
Soit maintenant la fonction polynôme P de degré n définie par :
Soit alors k un entier naturel quelconque dans .
Pour tout entier naturel i
dans ,
on peut affirmer, d’après le résultat précédent, que l’intégrale
existe. Il en va donc de même de :
En définitive, pour tout polynôme P dans et tout entier naturel k dans
,
le réel
existe. Ainsi,
existe.
L’application
est bien définie.
La linéarité de l’application découle directement de celle de
l’intégrale :
Les espaces vectoriels et
étant tous deux de même dimension finie (égale
à
), pour montrer que l’application
est bijective, il suffit de montrer qu’elle
est injective. On va donc s’intéresser à
.
On a : .
Supposons donc que l’on ait : ,
soit :
.
Posons encore : .
On a alors :
La fonction est clairement positive sur
et continue sur ce même intervalle comme
produit de deux fonctions continues sur
.
Elle est donc positive et continue sur
.
La nullité de l’intégrale nous permet alors de conclure que cette
fonction est nulle. Mais l’exponentielle ne s’annulant pas, on en tire
,
puis
.
Le noyau de l’application étant réduit au polynôme nul (c'est-à-dire au
vecteur nul de
), on en conclut que
est injective et, finalement, qu’elle est
bijective.
L’application
est une application linéaire bijective de
dans
.
Elle définit donc un isomorphisme entre ces deux espaces vectoriels.